CAMP SPELEO à la PERTE de LIGNIN

INTRODUCTION

Dans le massif du Grand Coyer le Coulomp souterrain, la plus grosse rivière souterraine de France, était découverte dans la grotte des Chamois, actuellement 14 km de développement, pour un dénivelé de 390 m. Une coloration des eaux souterraines faite par Philippe Audra sur le plateau des lacs de Lignin amène le groupe des spéléologues de tous les horizons vers une perte située à 7-8 km au-dessus de la grotte des Chamois sur le plateau du Lignin qui se trouve à 2280 m d’altitude, au pied du Grand Coyer (2693 m) vers Colmars les Alpes, 04.

Participants à ces périodes : Philippe Audra (Club CRESPE, Vence), Guy Demars (GSBM/GORS, Avignon), Cathy Frison (CAF Martel Nice), Alain Staebler (Individuel), Guillaume Coquin (Individuel), AlexeI Colun (Garagalh, Saint Vallier de Thiey), Nicolas Crulli (individuel), Agnès HAJNAl et Peter ZENTAY venus de Hongrie.

Extraits du compte-rendu collectif, chacun peut prendre la plume…

5-7 octobre 2018

L’essentiel du groupe est composé de vieux routards du Lignin. Nous accueillons un petit nouveau qui sait parler avec une massette : bienvenue à Alexei.

Alexei et Guy descendent à -30 m (présence de 2 puits et d’un ressaut.. Nouveau dégagement : il faut pousser les cailloux dans le puits parallèle. Philippe nous rejoint pour poser des étriers. En surface, Alain bétonne les fissures pour limiter les crues dans le trou. Il commence à pleuvoir.

«On ne part pas d’ici avant d’obtenir un résultat» dit Alexei. Il y a une lame qui gêne, mais elle est maintenant contournable. Guy fait 3 trous parallèlement au bord. Le passage est fait. Alexei fait une désescalade dans un nouveau ressaut de -4 m, suivi par Guy.  Au fond, l’amont est un trou étroit et l’aval un méandre à peine plus large.  Le courant d’air est toujours présent.

14-18 août 2019

Philippe et Guy finissent d’élargir l’accès à la petite salle découverte le mois dernier. Le méandre est au contact Nummulitique / Crétacé. Une grosse lame en suspension gêne le passage.

Nous fêterons l’anniversaire d’Alexei : 40 ans.

Une bonne séance de déblayage permet d’entrevoir la suite sur 3 m, cela semble s’élargir après 2 m. Un grand virage à gauche nous empêche de continuer, mais nous voyons encore sur quelques mètres qui semblent passables. Il y a des flaques d’eau sur le passage. Le bout du tunnel est bien élargi. La calcite est si dure qu’elle ne veut pas se détacher pour qu’on passe facilement dans la suite du tunnel.

11-15 septembre 2019

Pendant le petit déjeuner, nous discutons d’une idée que Guillaume avait lancé : et si la galerie revenait presque sur elle même ? La question est : quelle est la longueur de l’hypoténuse ? (je sais que ce n’est pas un triangle rectangle, mais on ne va pas s’arrêter à un tel détail!) (et puis ce n’est même pas l’hypoténuse !). Le Disto permettra de le dire. Tout au bout de la faille, en éclairant, Nicolas voit un rayon de lumière. La galerie n’est qu’à environ 1 m de nous.

Alexei burine tant qu’il peut. Le gros bloc suspendu est parti. Alain a remonté le mur de gauche où nous entassons les pierres : il n’est plus nécessaire de combler la galerie basse jusqu’au virage., il y a assez de place pour stocker les nouveaux déblais. Le burineur rend son dernier souffle.

27-29 septembre 2019

La frustration liée au » tour à la con » joué par le gouffre et par les pannes répétitives du matériel, nous a incité à organiser une attaque en règle le plus tôt possible.

Alain fait 2 trous pour atteindre la dalle. On voit un trou au plancher : l’eau est proche. Guy dégage un gros bloc sur le bas, puis en face. Alain burine, mais le mandrin du vieux perfo casse encore. Guy continue à la massette et au pied de biche.

Entre les veines d’argile, les fissures qui absorbent les chocs et les filons de calcite, c’est de la nougatine façon béton…

Le pont rocheux est tout fracturé. Nous nous relayons à la massette et au pied de biche. Tout fini par céder. La faille continue, l’eau part sur la droite. Il  semble que le courant d’air vienne des 2 côtés. Cela sera à déterminer avec précision avant de continuer par l’un ou l’autre des chemins.

Un boyau pénétrable et mouillé nous attend l’année prochaine. Est-ce la fin de la désobstruction?

A SUIVRE…

BIBLIOGRAPHIE:

  1. Spelunca, nr.149, 2018;
  2. C.R.E.S.P.E. 2018, Compte rendu Camp de Lignin.
  3. Magazine SPELEO, nr103, 2018.